Par Brigitte Bouzonnie,
chargée de veille Politique publique de la Jeunesse, projets innovants,
la direction de la Jeunesse et de la vie associative, Paris,
Île-de-France. |
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Titre original La
liquidation féroce de la littérature classique française, afin de détruire la
mémoire et la culture patricienne du Peuple français !
Dans un précédent article, on a montré l’imposition forcée de la culture
américaine, en lieu et place de la Culture classique française. Opération
psychologique et pratique menée à compter des années soixante-dix/début des
années quatre-vingts. Opération qui a liquidé de manière féroce, non seulement
la culture marxiste ramenée à une peau de chagrin : aujourd’hui, à peine
quelques vidéos sur Youtube. Le regretté Jean Salem, professeur de philosophie à
la Sorbonne ne pointait-il pas de ses séminaires du samedi après-midi,
regroupant tout au plus 200 personnes. Mais qui a liquidé aussi la littérature
classique de haut niveau : Les lumières. Rousseau soigneusement disparu des
sujets de concours à l’agrégation et au CAPES au profit du Roman de Renard, sur
ordre de la CIA. Victor Hugo…. Donc, toute une littérature classique, humaniste
a été mise férocement au cimetière de l’impensé, rejoignant tous les sujets qui
fâchent comme par exemple le chômage et la pauvreté de masse.
Curieusement, et en dépit de son ampleur, cette mise au rancart de la
littérature classique française est peu traitée méthodiquement. Rarement
explorée. Le plus souvent mollement niée, comme le montre l’article rédigé par
Gisèle Sapiro, sociologue, élève de Pierre Bourdieu, intitulé : « Mort de la
culture française », publié dans la Revue de la BNF 2018/2 (n°57), qui estime
sans rire qu’il n’y a pas déclin de la culture française de haut niveau.
La médiocrité littéraire 2023 est donc perçue comme quelque chose de « naturel
». « Allant de soi ». Comme si la bascule, qui va de l’imposition forcenée de la
culture américaine, tandis que disparait notre excellence littéraire prévalant
alors, était « le seul chemin possible » à suivre, pour le salut de notre
humanité française.
On n’a pas la prétention d’ouvrir à nous toute seule cette boite noire de
l’impensé, qu’est la mort de la culture Classique française. Et alors qu’elle
repose aujourd’hui dans l’oubli et la plus parfaite indifférence. On souhaite
juste rappeler nos souvenirs. Citer des titres de livres de notre jeunesse
totalement oubliés aujourd’hui. Ne reste plus dans les mémoires que des
oeuvrettes à sueur vendues à grand renfort de publicité, notamment par un
journal comme Télérama.
Toute la question est de savoir Comment on est passé, quasiment du jour au
lendemain, des livres magnifiques de Michel Tournier : « Vendredi ou les limbes
du Pacifique », « Le roi des Aulnes », Ou encore « La Storia » d’Elsa Morante,
ouvrage flamboyant sur l’amour maternel aux pseudo « livres » insignifiants et
vides des non écrivains actuels : par exemple, ceux de Virginie Despentes.
I°)-la mise au rebut de la culture classique française au profit d’ouvrages
très médiocres.
1-1°)-Comment la bascule primat d’ouvrage humanistes de qualité/ouvrages très
médiocres s’est-il opéré ?
Au milieu des années soixante-dix, le livre humaniste fort, qui s’inscrivait
dans notre mémoire pour toujours, était considéré comme LE seul livre, la seule
référence possible. A cette époque, Michel Tournier disait que ses deux enfants
spirituels étaient Patrick Modiano et JM Le Clézio, qui participaient de cette
même famille de pensée sensible et originale. Et chacun trouvait cette filiation
« normale ». Et puis, quasiment du jour au lendemain, on vit arriver, en lieu et
place de Rousseau, Victor Hugo, Balzac, Baudelaire, etc, excusez du peu, des
auteurs mineurs comme Alexandre Dumas, vu, non pas comme l’auteur des Trois
mousquetaires et de Milady de Windsor, ce qui aurait pu se défendre, mais
uniquement comme un amateur de bonne chère et de bons vins. Margaret Mitchell,
auteur du livre : « Autant en emporte le vent », également promue écrivain du
millénaire. Le peintre et écrivain Eugène Fromentin, auteur d’un récit de
voyages : « Un été dans le Sahara », qui firent l’objet d’un battage
publicitaire sans précédent dans Le Monde et surtout le Nouvel Obs. De façon
générale, Le nouvel Obs, comme supposée revue des « intellectuels »(sic) joua un
rôle pilote dans cette mise à mort de la littérature classique au profit
d’écrivains de peu de valeur.
Sans oublier bien sûr, la réédition dans les années soixante-dix de l’ouvrage
rédigé en 1880 par l’obscur et insignifiant Paul Lafargue, intitulé : « le droit
à la paresse ». Après Jésus-Christ pamphlet, rejetant toute valeur travail, est
salué comme un « évènement » littéraire, et donne lieu à un succès de librairie
important. Personne ne critique jamais les vers de la chanson de Moustaki : « je
voudrai rendre hommage à ce maitre en « sagesse », à celui qui était mon seul et
unique « maitre »(sic). Bien au contraire, l’adhésion du plus grand nombre à ce
sacre de la paresse fut totale. Comme si le fait d’ériger le droit à la paresse,
sensé organiser désormais toute action humaine, en lieu et place de l’effort et
de la créativité de haut niveau, qui présidait jusque-là notre conduite, était
un « sommet », un « Himalaya » d’intelligence.
L’ouvrage de Lafargue nie toute l’histoire de l’humanité, qui n’a été que
l’histoire des milliards des micros gestes, micro-efforts d’insectes répétés des
hommes, rien que pour manger et se protéger des bêtes sauvages. Sur Linkedin, le
Professeur Joyeux, auteur d’un livre sur les dangers de la sédentarité, raconte
un jour comment l’homme préhistorique courait beaucoup et très vite. Il pouvait
courir 45 kilomètres par heure en moyenne. On voit comment la plus grande
énergie physique et intellectuelle lui a permis de survivre seulement.
Inversement, si notre homme préhistorique avait adopté le droit à la paresse
préconisé par Lafargue, il n’aurait tout simplement pas vécu. De la même façon,
ses dessins dans la grotte de Lascaux ont suscité l’admiration légitime de
Picasso, qui a dit avoir trouvé un maitre dans le/les dessinateur(s) inconnu(s)
de ces fresques. Là encore, cet effort intellectuel inouï, rien que pour laisser
une trace culturelle et spirituelle est l’exact opposé de la paresse
revendiquée, sacralisée par la société libérale/libertaire française, à compter
des années quatre-vingt.
Le livre de Lafargue est donc une réécriture fallacieuse de l’Histoire, niant,
gommant le nécessaire effort physique et intellectuel, qui a permis à l’être
préhistorique puis à tous ses successeurs, – serfs du Moyen Age, ouvrier du
Capitalisme sauvage du XIXème siècle comme les mineurs du nord de la France
travaillant douze heures par jour, rien que pour survivre. Et laisser une
empreinte culturelle.
Le succès de ces nouveaux auteurs (Fromentin, Michell, Dumas) ne fut elle-même
que transitoire. Ephémère. Ils étaient là, uniquement pour modifier les
curseurs. Modifier notre perception de l’excellence littéraire, qui s’imposait
encore dans nos têtes. Faire oublier des têtes et des cœurs les ouvrages des
Lumières, de Rousseau, Hugo, Baudelaire, René Char, Aragon, Proust….Dans les
années quatre-vingt, ces derniers furent d’abord remplacés par les sous-livres
de l’éditrice Françoise Verny chez Grasset : notamment ceux de Alexandre Jardin,
bien que cet auteur ne soit pas le pire. Philippe Labro, Jean-François
Deniau…Ils furent eux-même remplacés par la délicate Virginie Despentes, auteur
de : “Baise-moi” et “Cher connard”. Par les pseudos récits de Annie Ernaux,
publiés dans la collection blanche de Gallimard, tandis que son auteur est
promue de façon ahurissante “prix Nobel 2022”. Les mille pages commises par
Jonathan Littell, dont le livre, Prix Goncourt, intitulé : « les bienveillantes
», édition Gallimard, est rebaptisé de façon ironique par les libraires : « les
bien payantes ». Sans doute son unique qualité. Ceux de Marie Darrieussecq.
Sylvie Germain. Emmanuel Carrère. Amélie Nothomb. Muriel Barbery. Patrick
Chamoiseau. Antoine Volodine.. Ceux de Jean Rouaud. Maryse Condé. Mongo Béti.
René Depestre….
Dans la chanson française, il y eut la même opération symbolique : les
chansons de Georges Brassens furent oubliées au profit de chanteurs de Rap. Et
personne ne s’indigna de la dégringolade de notre culture populaire.
Aujourd’hui, malheureusement, dans le bus ou dans le train, on voit rarement des
femmes et des hommes lire. Une exception cependant : dans le train, on a vu le
jeune homme assis à côté de moi lire « Les caves du Vatican » de André Gide :
une première en 40 ans de voyages par la SNCF.
De façon générale, personne ne moufte face à la gigantesque dégringolade
intellectuelle, qui va des écrits de Jean-Jacques Rousseau à ceux de V.
Despentes. Et on parle d’expérience pour nous être modestement opposée à ce que
l’on considérait être une chute intellectuelle et culturelle très grave et très
importante.
On n’a pas oublié le fait que la Ministre de la Culture de Hollande, Fleur
Pèlerin, soit incapable de citer un seul titre des livres de Patrick Modiano.
Mais cette histoire tragique n’a suscité au mieux que des ricanements. Personne
pour prendre la mesure de la gravité de ce que nous étions en train de vive : la
CIA nous a volés délibérément notre littérature classique, pour y mettre à la
place une culture coca cola.
2°)- Les rares intellectuels analysant la mort de la littérature française :
Pierre Bourdieu, Alain Badiou, Jacques Pauwels et Madame Annie Lacroix-Riz :
2-1°)-Pierre Bourdieu dénonce la dégringolade intellectuelle qui va de Flaubert
à Jean-François Deniau :
On a pourtant trouvé un premier allié inattendu. Dans un article intitulé « Une
révolution conservatrice dans l’édition », publié par la revue “Actes de la
recherche en sciences sociales”, n°126-127, 1999, le sociologue Pierre Bourdieu
dénonce la dégradation de la qualité des livres publiés par les éditions
Gallimard.
Il écrit : « Le plus gros des changements observés dans la politique éditoriale
des différentes maisons peut ainsi être rapporté à des changements de la
position qu’elles occupent dans le champ, le déplacement vers les positions
dominantes s’accompagnant d’un renforcement de la tendance à privilégier la
gestion des acquis au détriment de la recherche de la novation et à mettre le
capital symbolique détenu au service d’auteurs beaucoup plus « commerciaux » que
ne l’étaient, aux temps héroïques des commencements, ceux qui ont contribué à
l’accumulation de ce capital « »(sic).
Et de montrer comment on est passé d’auteurs prestigieux comme Jean-Paul Sartre
et Simone de Beauvoir à la pâle Annie Ernaux, Philippe Labro, Jean-François
Deniau. Et le sociologue de pointer le commerce initié par les éditons
Gallimard, consistant à vendre pour de seules raisons mercantiles des carnets,
dont la maquette est la collection blanche, dans le seul but de faire de
l’argent.
Pierre Bourdieu analyse la bascule entre primat des auteurs classiques (Les
lumières, Rousseau, Hugo)/puis écrivants de bas niveau, comme « la survenue
d’une révolution conservatrice »(sic) du champ de l’édition. Ce concept de «
révolution conservatrice » nous semble être trop global. Atemporel. Flou. Ne
permettant pas de saisir les véritables acteurs tirant les ficelles derrière les
éditeurs ou contempteurs du philosophe. Nous préférons parler d’opération
psychologique symbolique initiée par la CIA, comme nous nous en expliquerons
demain dans la troisième partie de cet article.
2-2°)-Alain Badiou dénonce à son tour la liquidation de tout ce que
représentait l’intelligentsia française révolutionnaire, du point de vue mondial
:
On eut un second allié dans la personne du philosophe Alain Badiou. Sur le champ
voisin du champ de la philosophie, celui-ci dénonça à juste titre “la
liquidation de tout ce que représentait l’intelligentsia française
révolutionnaire, du point de vue mondial” (sic) (cf Eloge de la politique,
édition Café Voltaire/ Flammarion, 2017). Opération menée sous la houlette des
“nouveaux philosophes”, type BHL. Et Badiou d’ajouter : “la liquidation de
l’intellectuel français révolutionnaire est une façon de dire aux américains,
que “chez nous côté pensée révolutionnaire, c’est cuit”(sic).
La liquidation de la littérature classique humaniste est donc une façon de
priver le Peuple français de sa spécificité culturelle. De sa mémoire. D’en
faire un peuple inculte. Médiocre. Colonisé. Sans passé. Comme les autres.
Carburant à la seule culture américaine à deux neurones. En nous imposant de
lire Despentes ou Ernaux, les dirigeants américains nous traitent comme nous
traitions nos anciennes colonies africaines, à qui on imposait une culture de
seconde zone.
Comme écrit Montalembert : « les grandes histoires font les grands
Peuples”(sic). Inversement, la privation de notre histoire nationale et de notre
culture spécifique transmue le Peuple français en Peuple médiocre. Petit.
Fragilisé. Sans aspérité particulière. Plus rien ne le différencie du Peuple
américain, européen ou africain, avec qui il a les mêmes valeurs libérales
superficielles.
2-3°)- L’historien marxiste Jacques Pauwels montre l’investissement de la CIA
dans le domaine culturel, tout au long de la guerre froide :
L’historien marxiste Jacques Pauwels rappelle le rôle joué par les actions
subversives de la CIA pendant la guerre froide, afin de promouvoir des auteurs
non communistes. Il écrit : « La CIA orchestra contre le communisme une
offensive intellectuelle et culturelle à laquelle d’innombrables intellectuels,
écrivains, artistes, anciens communistes, trotskistes, sociaux-démocrates, et
autres figures de la gauche prêtèrent leur concours. Les intellectuels dont on
sait maintenant qu’ils furent financés et promus par la CIA, furent notamment
Georges Koestler, Isaich Berlin, Sidney Hook, Daniel Bell, Hannah Arendt,
Raymond Aron et Arthur Koestler. Souvent, ils reçurent pour cela de
susbtantielles rémunérations et/ou toutes sortes de tapes amicales sur l’épaule,
qui firent un bien énorme à leur carrière. Un bon exemple est Georges Orwell,
avec ses livres 1984 et la ferme des animaux (cf livre de Frances Stonor
Saunders : who paid the piper : the CIA ans the cultural Cold War), cité par
Jacques Pauwels dans son ouvrage : « 1914-1918, La grande guerre des classes,
édition Delga, 2016).
Ainsi, un Albert Camus fait partie de cette offensive d’auteurs non communistes
promus après-guerre : ne reçut-il par le prix Nobel pour l’ensemble de son
oeuvre à l’âge de 44 ans ? N’est-il pas un des auteurs français le plus traduit
dans le monde ?
2-4°)- Annie Lacroix-Riz montre le rôle de la CIA dans la destruction de la
culture communiste après-guerre :
Dans une excellente vidéo de la librairie Tropiques, intitulé « le livre noir de
l’anti communisme », l’historienne marxiste, Madame Annie Lacroix-Riz montre
comment la CIA a dézingué la culture communiste sur les campus américains des
plus célèbres universités : Berkeley, Harvard, Yale…Chaque jeune chercheur
devait prêter serment de ne pas être communiste, s’il voulait faire carrière.
Sinon on lui pourrissait la vie.
Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que l’idéologie communiste et les livres de
Tournier, c’est la même chose. Mais le mode opératoire utilisé par la CIA contre
les communistes pendant la guerre froide est le même que celui utilisé contre la
littérature classique à partir de la fin des années soixante-dix. Le but est
d’empêcher le Peuple français, que l’on veut rayer des peuples qui comptent,
d’avoir une culture patricienne, que pour les dirigeants américains, il ne
mérite pas d’avoir.
En conclusion, on assiste à une mise à mort de la culture française classique :
romans et ouvrages de philosophie. Cette idée, minoritaire en France, est
d’ailleurs très répandue dans l’édition anglo-américaine. Et ce n’est pas un
hasard. A partir des années 1970, Il est patent d’observer le déclin des romans
humanistes flamboyants, comme ceux de Michel Tournier, première manière (avant
qu’il ne devienne le courtisan de mitterrand à partir des années quatre-vingts),
tandis que s’affirme l’hégémonie étatsunienne. Et qu’apparaissent de nouveaux «
auteurs » de très faible qualité, promus en sous-main par la CIA.
Dans les années soixante, il était de bon ton d’ironiser sur le journal «
Nous-Deux », lecture par excellence des femmes populaires. Aujourd’hui, ayant lu
jusqu’au bout l’inoubliable « Baise-moi » de V. Despentes, je soutiens que V.
Despentes, c’est du « Nous-Deux » bis destiné à la petite bourgeoisie sans
jugeote personnelle. Cette même petite bourgeoisie imposant ses valeurs au reste
de la société, notamment aux classes populaires. Lire « Cher connard »,
c’est même perçu un signe de « boboïtude », de « branchitude » que d’avoir le
livre dans son salon. Sur son divan. En ce moment, le livre « Cher connard
» trône en première place à la « librairie pour tous » de ma rue du XIIIème
arrondissement. Alors qu’en réalité, « Cher connard », c’est la lecture
d’un peuple soumis. Vassalisé. Celui que les dirigeants américains veulent
liquider pour toujours sur le plan culturel.
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