Cornelis II
Schernier
dit
van Coninxloo
(v. 1500-1559)
Fils de
Cornelis I van Coninxloo,
Cornelis II van
Coninxloo dit Cornelis le jeune,
était peintre.
Sa vie familiale
nous est inconnue, mais on peut supposer que parmi sa descendance,
si toutefois il en eut une, pourrait figurer le
peintre Bartholomeus
van Coninxloo
(v. 1550 - v. 1620) installé à Malines, une ville située à 30 kms de
Bruxelles et à une quinzaine du berceau familial.
En 1529-1530, le
sculpteur
Passchier
Borreman est
chargé par l'hôpital Saint-Pierre aux malades, de l'exécution d'un
tabernacle : c'est Cornelis le jeune qui le décorera.
En 1534, dès le commencement des travaux de la construction de la
chapelle du Saint Sacrement des Miracles (autrefois attenante à la
collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles), Cornelis le jeune y prend une part
active, en même temps qu'une foule d'artistes bruxellois, parmi les
plus renommés de l'époque, notamment les architectes Van Pède, de
Visscher, Pierre van Wyenhoven, les sculpteurs Pierre Keldermans et
Cornelis Floris, les peintres Bernard van Orley et Michel Coxie, le
verrier Jean Haeck, etc. La première pierre en fut posée, le 18
février, au nom de Marie de Hongrie, par Philippe de Lannoy,
seigneur de Molembaix. Sur cette pierre, Cornelis le jeune avait peint les
armes de la gouvernante. Plus tard, il fut chargé de la décoration
de la voûte et des murailles, ainsi que de la dorure des sept
élégants tabernacles sculptés par Henri van Pède et qu'on peut
encore admirer dans l'église. La bénédiction épiscopale fut donnée
au monument, le 23 avril 1542.
En 1537, Sainte-Gudule ayant reçu du facteur Jean Crinon de Mons un
nouvel orgue, Cornelis le jeune y fit des peintures. Il semble aussi qu'en
cette même année il peignit un triptyque à la demande de l'abbé de
Tuegele. Deux ans plus tard, toujours à Sainte-Gudule, l'artiste
livre des cartons* de sculptures architecturales.
Puis les mentions se succèdent, montrant Cornelis le jeune travaillant sans
cesse pour la collégiale : en 1541, il peint les statues des saintes
Reynolde et Pharaïlde ; en 1541-1542, il dessine le modèle de
l'épitaphe du monument funèbre à élever, dans la chapelle du
Saint-Sacrement, au seigneur de Mérode, dont le chanoine de Tuegele
avait été l'intendant ; en 1543, il peint la statue de saint Thomas.
En cette même année et jusqu'en 1546, il est proviseur de la
confrérie de Saint-Eloi; en 1548, il peint la statue de saint Jean
l'Evangéliste et, eu 1549, celle de saint Pierre; en 1549 encore et
jusqu'en 1552, il est de nouveau parmi les proviseurs de Saint-Eloi
; enfin, en 1557, il fait des travaux de restauration à un tableau
de l'église de la Chapelle et, en 1559, il dessine deux cartons,
d'après les patrons envoyés par l'architecte anversois Cornelis
Floris, de la construction d'un nouveau maître-autel à l'église
Sainte-Gudule. C'est la dernière mention de comptes où l'on peut
relever le nom de Cornelis Schernier.
Toutes ces inscriptions sont assurément des plus précieuses pour la
biographie d'un artiste dont, il y a un siècle, on ne
connaissait que le nom. Mais, quel que soit leur intérêt, les
travaux qu'elles rappellent ne constituent pas des titres suffisants
pour établir que Cornelis le jeune fût réellement un peintre,
dans le sens artistique du mot. Nous savons, heureusement pour sa
mémoire, qu'il ne s'est pas borné à faire des travaux de décoration
; qu'à l'exemple de certains de ses devanciers, il poursuivit
simultanément l'exécution d'ouvrages d'art, ainsi que le démontre un
tableau du musée de Bruxelles, authentiqué par une signature suivie
d'une date. Ce tableau représente la Parenté de la Vierge
(voir plus haut).
En 1526 un second tableau représentant le même sujet figurait sous
le nom de l'artiste, dans la galerie du château de Sigmaringen. Une
deuxième signature, mais composée uniquement du prénom du peintre a
été découverte par Mr de Mély sur une Vierge à l'Enfant encadrée
dans un motif architectural.
Parmi les oeuvres attribuées à Cornelis le jeune on peut citer un triptyque
représentant diverses scènes de la vie de Marie-Madeleine (dont le
volet de gauche représente la Résurrection de Lazare; le volet de
droite, le Ravissement de Marie-Madeleine élevée dans les airs par
six anges, le corps nu mais pudiquement enveloppé jusqu'aux genoux
dans sa longue chevelure blonde. Le fond de ce dernier volet
représente, avec une grande minutie, le lieu de pèlerinage de la
Sainte-Baume, dans le Var, où l'on montre la grotte qui servit,
dit-on, de retraite, à Marie-Madeleine. On en déduit que l'auteur a
dû visiter la Provence. Citons aussi un autre triptyque ayant de
grandes ressemblances avec le précédent, la Conversion de saint
Matthieu.
Le peintre Cornelis
le jeune se
caractérise par un goût prononcé pour les décors d'architecture
compliquée et somptueuse. Ses constructions sont gothiques avec un
mélange assez confus de renaissance : les pendentifs avec choux
frisés introduits dans plusieurs de ses oeuvres sont de la dernière période ogivale*
; des pilastres, des balustrades à compartiments appartiennent, par
contre, à la renaissance. Ses personnages sont richement habillés et
portent des coiffures, chapeaux, turbans ou casques de la plus
bizarre fantaisie. Les vêtements et les nombreux accessoires sont
traités avec un soin et un fini qui décèlent un ouvrier accompli,
élevé dans la tradition des maîtres du XVè siècle.
* En art, un
carton est une ébauche, à l'échelle ou en dimensions réelles, à
partir de laquelle la version définitive d'une peinture, d'une
fresque, d'une mosaïque, d'un vitrail, d'une sculpture ou d'une
tapisserie est réalisée.
*
Une forme ogivale est en forme d'ogive, c'est-à-dire d'arc aigu. La
période ogivale s'applique aux édifices gothiques construits du XIIè
au XVIè siècle.
Sources sur Internet :
Ecartico
Nederlands Instituut voor Kunstgeschiedenis
ResearchGate
Oxford Unerversity Press
Autres sources :
Messager des sciences historiques, ou, Archives des
arts et de la bibliographie de Belgique - 1871
La peinture en
Belgique - Les Primitifs flamands - volume 2 - Fierens
Gevaert - 1912
Société Royale d Archéologie de Belgique - Bernard Van
Orley - 1943
Promenades dans les Couvents et Abbayes de Bruxelles -
Jacques van Wijnendaele - 2007
Biographie Nationale, pages 696-702 par A.-J Wauters -
volume 21, années 1911-1913
An Uncelebrated Patron of Brussels Artists - Edmond
Roobaert & Trisha Rose Jacobs
The Seven Sorrows Confraternity of Brussels - Marc Boone &
Anne-Laure Van Bruaene - 2015
(Coninxloo / Conincxloo / Coninxloe)
|