Joris
Schernier
van Coninxloo
(?)
Traduction d'extraits du livre
"The Seven Sorrows Confraternity of Brussels" de Marc Boone et
Anne-Laure Van Bruaene - Université belge de Gand - 2015
Page 55 : Dans les entrées de 1510 et 1511, Jan Smeken est
explicitement désigné comme l'auteur des pièces mariales. Smeken
était poète de la ville de Bruxelles depuis 1485 (il recevait chaque
année 90 shillings 'Brabantse groten', en plus de dons en nature et
de récompenses supplémentaires) et en tant que rhéteur principal du
Lys, et plus tard de la Guirlande de Marie, il était fortement
impliqué dans l'organisation du chapitre bruxellois de la confrérie
des Sept Douleurs. Il en était même l'un des fondateurs, avec
Johannes Pertcheval (sculpteur), Claes der Weduwen, et Jan II
Borreman (sculpteur). Il en est en effet l'un des fondateurs, avec
Johannes Pertcheval, Jan II Borreman (le sculpteur) et Claes der
Weduwen. Pour la composition et la reproduction en bonne et due
forme des pièces, Smeken recevait chaque fois 12 shillings. Ce même
montant est mentionné chaque année de 1508 à 1513 et équivaut à la
somme qu'un artiste expérimenté comme le peintre Joris Schernier
(également actif au sein de la confrérie) recevait pour dix jours de
travail.
Page 57 : De 1508 à 1512, le livre de comptes mentionne
également des accessoires utilisés par les rhéteurs lors des
représentations des douleurs de la Vierge. En 1509, alors que "La
deuxième douleur" (la fuite en Égypte) devait être au programme, la
confrérie commanda la fabrication du manteau de la Vierge et du
manteau de Jésus. Mais il devait aussi y avoir des scènes de
l'Ancien Testament dans la pièce de cette année-là, car Joris
Schernier fut payé 5 shillings pour peindre quatre enfants noyés par
Pharaon.
Page 95 : En outre, la chambre de rhétorique qui avait fondé
la confrérie de St Gorik, "De Lelie" (Le Lys), était elle-même
composée d'écrivains, d'artistes visuels, de maîtres artisans et
d'autres artisans, et plusieurs de ses poètes, sculpteurs et
peintres travaillaient pour la ville et la cour ducale. Ces artistes
ont joué un rôle de premier plan dans la confrérie, notamment Jan
Borreman, déjà cité, et Cornelis et Joris Schernier, de la dynastie
des peintres de Coninxloo, qui ont tous dominé l'organe directeur de
la confrérie. Borreman, l'un des fondateurs de Notre-Dame des Sept
Douleurs, fut prévôt en 1499 et 1500, Cornelis en 1501 et 1502, et
Joris exerça cette fonction chaque année à partir de 1503 et
jusqu'en 1516, date de la fin des comptes conservés.
Page 96 : En 1504-05, Joris Schernier, avec les autres
prévôts, contribue à hauteur de 10 schellingen aux frais d'un
retable et d'une pièce processionnelle, et Adam de Cuper ou Cupere,
un autre membre de De Lelie, donne 30 schellingen pour la production
de vêtements. D'autres, comme Jan van Roome, alias van Brussel,
semblent avoir travaillé en faveur de la confrérie, tandis qu'en
1513-14, Borreman réduisit ses honoraires pour une commande reçue de
la confrérie, tout comme son collègue rhétoricien, Jan van den Dale.
L'un des artistes au moins, Cornelis Schernier, a continué à
soutenir la confrérie même après sa mort, en lui laissant un
héritage dans son testament.
Page 103 : Ces travaux semblent avoir été confiés de
préférence à l'un des fondateurs de la confrérie, Joris Schernier
van Coninxloo, déjà cité. Rien qu'en 1506-07, le prévôt peint le
tabernacle, l'intérieur d'un ammarisen ou aumbry, et décore le mur
rouge au-dessus de l'autel de petits lys, symbole de la chambre de
rhétorique et de la Vierge. En 1507-08, il polychrome les figures du
Saint-Sépulcre. En 1513-14, pendant douze jours, il exécute d'autres
tâches décoratives, probablement avec l'aide d'un compagnon, Andries
Veylen, qui reçoit 12d. par jour. Un autre Conincxloo et fondateur
de la confrérie, Cornelis Schernier, a également effectué de petits
travaux pour la confrérie - il est d'ailleurs le premier peintre à
apparaître dans les comptes. Par exemple, il a apprêté des parties
du lutrin, blanchi et vitrifié des éléments du Saint-Sépulcre, peint
la base de l'autel, coloré en rouge le treillis de l'écran du chœur
et y a "semé" de petits lys, et a également peint un mur en rouge,
ce qui a marqué le début de la palette de couleurs que Joris a
poursuivie plus tard. Au total, les efforts de Cornelis lui ont
permis de s'enrichir de 17 livres. Il réalise d'autres travaux
décoratifs en 1507-08, lorsqu'il peint le wintberch (planche
décorative situées à l'extrémité du pignon). Sa seule commande
importante date de 1502-03, lorsqu'il est engagé pour polychromer
l'ange de Borreman pour 20s. Comme c'était souvent le cas pour le
sculpteur, il n'est pas payé en une seule fois et en 1504-05, il
reçoit un arriéré de 12d. pour son travail.
Page 105 : Néanmoins, le panneau central semble avoir été
achevé en 1506-07, car c'est l'année où Joris Schernier a doré "la
scène de Lovens (Leuven)". Entre-temps, en 1504-05, les prévôts ont
organisé le financement des panneaux latéraux du polyptyque, et le
maître Jan van Roome a reçu 2s. 6d. pour le vidimus ou dessin des
portes. Avec les fonds collectés, Valentin van Orley, père du
célèbre maître Bernaert et membre de la confrérie, reçut 6 £ 2s. 6d.
pour les portraits à l'extérieur du retable de Notre-Dame.
Toutefois, à en juger par des œuvres similaires de l'époque, il ne
s'agissait probablement pas de portraits, mais plutôt de
représentations figuratives basées sur le thème. Le temps et les
efforts consacrés à l'organisation de l'œuvre, qui a été réalisée
par plusieurs artistes dans deux villes différentes, montrent à quel
point il était important pour la confrérie de disposer d'une
magnifique pièce maîtresse pour la chapelle.
Page 106 : Les entrées dans les comptes concernant la
procession annuelle à Bruxelles en disent long sur le mécénat
artistique de la confrérie, tout simplement parce qu'il s'agissait
d'une production majeure, qui s'est accrue d'année en année avec
l'ajout de nouveaux chariots pour accompagner la statue de
Notre-Dame sur son cercueil à travers les rues de Bruxelles.
L'ampleur et l'ambition d'un tel événement auraient pu contraindre
les prévôts à faire appel à une aide extérieure par nécessité, mais
cela ne semble pas avoir été le cas dans l'ensemble. La première
procession, qui eut lieu en 1505, s'articulait naturellement autour
d'une scène représentant les sept douleurs de Marie en autant de "ronden"
ou ronds. L'apprêt et la peinture de ces toiles coûtaient 2s. 6d. et
le dessin était de la main de Jan van Roome. Cinq des tableaux ont
été couverts par des dons, et la confrérie a contribué à hauteur de
1 6s. 3d. dont 3s. de la poche de Joris Schernier. En 1509-1510, Jan
van Roome est à nouveau à l'œuvre, peignant Notre-Dame des Sept
Douleurs et saint Gorik sur l'une des pièces de la procession,
peut-être une toile peinte, fixée à une structure de soutien sur
l'un des huyskens de la procession. Il semble que ce travail ait été
effectué presque comme une faveur pour la confrérie, qui n'a payé
que 3s. 1,5d. pour le travail, et à une occasion au moins, Joris
Schernier semble avoir gagné plus que Van Roome en travaillant sur
le même objet. En 1506-07, ce dernier a reçu 7s. En 1506-07, ce
dernier a reçu 7s. 3d. pour une pièce destinée à la procession de
Notre-Dame, et cette pièce pourrait être la même que celle pour
laquelle Schernier a reçu 17s. 6d. pour la peinture. Cette
différence ne signifie cependant pas que Van Roome faisait don de
ses services ; il se peut qu'il n'en soit que le concepteur, comme
il l'a souvent été.
Page 107 : En 1508, en plus de la procession annuelle, la
confrérie commence à organiser un cycle de pièces de théâtre
annuelles, chacune représentant l'une des sept douleurs de la
Vierge, d'abord dans le cimetière de St Gorik, puis plus tard sur le
Markt / Grand Place. Il s'agit là d'un autre cas où les prévôts ont
dû faire appel aux compétences des artistes. Joris Schernier, par
exemple, a peint une toile représentant quatre enfants noyés par le
pharaon lors de l'Exode, pour l'utiliser en 1509.
Page 107 : Qu'il s'agisse d'une pièce de théâtre, d'une
procession ou des deux, Josse van Loven et Peter vander Wouwere sont
les deux seules personnes nommées impliquées dans cet aspect des
activités de la confrérie qui ne semblent pas avoir fait partie de
la confrérie de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Des artisans anonymes
ont également participé à l'impression et à la décoration des
centaines de petits drapeaux distribués, sans doute gratuitement,
lors des processions. Dans l'ensemble, cependant, les prévôts ont
une fois de plus manifesté leur préférence pour l'engagement des
propres artistes de la confrérie, s'en remettant à Jan van Roome et
aux Scherniers, Joris en particulier, pour concevoir et peindre les
pièces pour les processions et les pièces de théâtre. Là encore, la
proximité n'était pas nécessairement le facteur décisif, car le
choix des artistes indique que la confrérie voulait s'assurer que
ses fonds durement gagnés étaient utilisés au mieux. Il était tout à
fait logique d'employer Van Rome, qui aurait été en mesure de
concevoir des œuvres accrocheuses à grande échelle, aux côtés des
Scherniers, qui étaient sans doute déjà familiers de la production
et de la mise en scène de spectacles publics via le théâtre grâce à
leur association avec De Lelie.
Page 111 : Il est possible que cette concurrence ait
également motivé certains choix de la confrérie en matière
d'embauche. Parmi les rhétoriciens princiers, Jan II Borreman et
Joris Schernier ont exécuté le plus grand nombre de commandes, ce
qui doit être lié, du moins en partie, au fait qu'ils ont tous deux
été comptés parmi les prévôts, Schernier pendant de nombreuses
années. Si l'on en juge par les commandes qu'ils ont reçues,
Borreman était en mesure de s'occuper des sculptures les plus
importantes, mais Joris ne semble pas avoir été chargé d'exécuter
les œuvres les plus exigeantes ou les plus originales. Les prévôts
ont plutôt fait appel à de grands maîtres comme Jan van Roome ou Jan
van den Dale, et même à un outsider apparent, Albrecht Bouts, pour
le panneau central de l'important retable.
Page 120 : En 1503-04, la confrérie a commandé au célèbre
peintre louvaniste Albrecht Bouts un panneau représentant la Vierge
des Douleurs, destiné à devenir le panneau central d'un retable.31
La décoration des ailes pliables de cette image a été conçue par le
célèbre peintre bruxellois Jan van Roome. L'exécution de la
décoration extérieure a été confiée à un autre peintre bruxellois,
Valentin van Orley. Le nouveau retable était manifestement en place
en 1506-1507, car le peintre bruxellois Joris Schernier a réalisé
quelques travaux de dorure. Il s'agit de la première image de cette
chapelle qui représente sans équivoque la nouvelle image de la
Vierge des Douleurs. Il est remarquable que le tableau central ait
été commandé à un artiste extérieur à Bruxelles, bien que de
nombreux artistes renommés aient vécu dans les environs de l'église
Saint-Gorik et aient exercé diverses fonctions au sein de la
confrérie.
Sources sur Internet :
Ecartico
Nederlands Instituut voor Kunstgeschiedenis
ResearchGate
Oxford Unerversity Press
Autres sources :
Messager des sciences historiques, ou, Archives des
arts et de la bibliographie de Belgique - 1871
La peinture en
Belgique - Les Primitifs flamands - volume 2 - Fierens
Gevaert - 1912
Société Royale d Archéologie de Belgique - Bernard Van
Orley - 1943
Promenades dans les Couvents et Abbayes de Bruxelles -
Jacques van Wijnendaele - 2007
Biographie Nationale, pages 696-702 par A.-J Wauters -
volume 21, années 1911-1913
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Roobaert & Trisha Rose Jacobs
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Anne-Laure Van Bruaene - 2015
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